les marbres colorés sont aux architectures de tous les temps ce que les pierres précieuses sont à la joaillerie.
cet ouvrage retrace l'histoire du marbre et de ses emplois, de l'époque romaine à l'âge baroque, principalement dans la péninsule italienne. la civilisation romaine s'est tout particulièrement incarnée dans ce matériau : en attestent les significations politiques, religieuses et artistiques des milliers de sculptures qui sont arrivées jusqu'à nous, comme la colonne trajane qui commémore en un long ruban de bas-relief, analogue à une bande dessinée, la geste de l'empereur et ses conquêtes (dacie et phrygie).
or c'est précisément de ces régions lointaines que les romains ont ramené dans la péninsule les marbres les plus variés, les plus rares, et dont les couleurs, les formes et les nouvelles compositions ont fait école, jusqu'à nos jours, dans les pavements, sur les parois, dans certains arts décoratifs. auguste ne se vantait-il pas d'avoir hérité d'une rome de brique et de la transmettre de marbre aux générations futures ? vitruve lui-même codifia l'emploi de ce matériau dans son de architectura.
puis ce fut, sous trajan et hadrien, une floraison de constructions publiques et privées, à rome et ailleurs, enrichies d'une décoration fastueuse et particulièrement colorée. durant les siècles du moyen age, saccages et réemplois se multiplièrent. ce que nous considérons aujourd'hui comme une véritable "destruction" était alors perçu comme "découverte" ou "invention" : il s'agissait de réordonner de nouveaux projets à partir d'éléments architecturaux ou décoratifs antiques.
ce n'est qu'au xve siècle que fut redécouverte l'oeuvre de vitruve, véritable canon esthétique qui allait inspirer alberti, raphaël et michel-ange, ainsi que les écoles baroques jusqu'au plus pur style rococo avec ses marqueteries au mille couleurs et ses formes exacerbées. mais au xviiie siècle, à la naissance d'une nouvelle science appelée "archéologie", la rome antique fut décrite comme une civilisation pour ainsi dire monochrome : à l'image colorée de l'antiquité s'était substituée une vision manichéenne en noir et blanc.
il fallut attendre quelques publications érudites du xixe siècle et bien plus tard encore, en 1971, l'ouvrage de référence marmora romana, de raniero gnoli, pour que soit reconnu le rôle fondamental du marbre joué dans les univers pleins de couleurs que furent la rome impériale et toute l'architecture italienne, ainsi que ses significations symboliques, culturelles et esthétiques.
" Les immobiles mosquées, que les siècles ne changent pas [...], elles sont l'immuable passé ces mosquées ; elles recèlent dans leurs pierres et leurs marbres le vieil esprit musulman [...1, elles font planer le frisson des vieux souvenirs, le grand rêve mystique de l'Islam...
" écrivait Pierre Loti en 1890, lors de son retour à Constantinople. Il en est ainsi de maints voyageurs étrangers, saisis par ce charme de l'Orient, " le pays de l'imagination, la terre du merveilleux " (Lamartine). Giovanni Curatola retrace la lente progression et la complexe constitution d'un peuple qu'illustrent ses réalisations architecturales et artistiques, sur près d'un millénaire : du XIe siècle (victoire de Manzikert, en 1071) jusqu'à la fin du XIXe siècle qui parachève l'urbanisme d'Istanbul.
Au long de ces siècles, l'activité édificatrice et artistique des souverains seldjoukides puis ottomans fut d'une richesse inégalée. Les caravansérails seldjoukides - à Konya, Kayseri, Sivas, Erzurum ou Nigde - comme les madrasas ou les tûrbe funéraires, témoignage d'un passé nomade, frappent par leur hiératique élégance et la richesse ornementale de leurs portails qui culminera dans ceux de Divrigi, chef-d'oeuvre " baroque ".
L'arrivée au pouvoir des Ottomans, au début du siècle, fait suite au lent déclin de la dynastie seldjoukide. Leur expansion marque un tournant dans les arts : les églises byzantines sont converties en mosquées puis de nouveaux édifices religieux émaillent peu à peu l'empire selon le plan en T renversé, typique de Bursa, qui sera vite prédominant, comme dans la Yesil Camii (v. 1420). L'architecture ottomane connaît son apogée au XVIe siècle avec la figure de Sinan dont les mosquées, une fois dépassé le modèle de Sainte-Sophie, rivalisent de beauté, sculptant la silhouette de Constantinople ou d'Edirne, telle la Selimiye, sa plus haute réalisation.
Après l'époque de Sinan, trois constructions palatiales majeures sont à retenir : Topkapi Sarayi, le palais d'Ipk Paya à Dagubayazit, aux extrêmes confins de l'empire, et Dolmabahçe, dans la capitale... sans oublier la fontaine d'Ahmed III, " joyau de marbre " (De Amicis), palais, mosquées, tours d'horloge et le pont de Galata. Le prestige des sultans ne se manifeste pas seulement dans les monuments : grâce aux ateliers impériaux, leur mécénat favorise les arts décoratifs - calligraphie, reliure, métaux, céramiques, tissus, tapis, bijoux, miniatures -, indissociables de l'architecture.
L'extrême beauté des revêtements pariétaux qui ornent l'intérieur des édifices religieux ou civils, mais aussi le mobilier des mosquées, les mihrabs et les minbars ouvragés, sont ainsi mis en perspective dans cet ouvrage à l'iconographie foisonnante. La proximité entre Orient et Occident, où les différents arts n'ont cessé de s'interpénétrer, et l'égal raffinement des deux cultures sont ici manifestes, témoignant d'un langage artistique méditerranéen et universel.
"Cette cité - écrivait Nerval à propos de Constantinople - est le sceau mystérieux et sublime qui unit l'Europe à l'Asie".
En 1863, moins de dix ans après l'ouverture du Japon à l'Occident, obtenue par le commodore Perry, Felice Beato - déjà rendu célèbre par ses reportages sur la guerre de Crimée (1855), la révolte des Cipayes (1857) et la seconde guerre de l'Opium (1860) - rejoint à Yokohama son compatriote Charles Wirgam, avec lequel il fonde une société de photographes. Les vues du Japon qu'il rassemble dans ses deux albums publiés en 1868, Native types et Views of Japan, créent un choc pour le public occidental et contribuent grandement à la fascination durable qu'exercera sur lui cette civilisation ainsi révélée. Inspiré par la peinture et l'estampe japonaises, Beato colorie à la main, délicatement, ses épreuves, à la fois par souci de vérité du détail et pour rendre plus sensible l'harmonie et la poésie, jusque-là inédites, des lieux, des rites et des gens.
Beato influence à son tour les artistes locaux - tel Kusakabe Kimbei, son élève - qui, désignés aujourd'hui sous le vocable générique d'«école de Yokohama» ou simples photographes anonymes, restituent de leur pays une image idéalisée, précise et immuable, en imitant les techniques et le style de leur modèle occidental. Étonnante et féconde osmose : l'adoption immédiate de la technique étrangère sert à magnifier et à approfondir le sentiment d'une identité propre, en en fixant l'image et l'idée. Ce goût paradoxal mais si caractéristique des Japonais pour l'immémorial joint à l'innovation tranche avec notre faculté d'oubli. Jadis pourtant, le raffinement de cet esprit trouva de multiples échos chez les poètes symbolistes et des reflets dans la peinture des impressionnistes, des Nabis, des artistes de la Sécession viennoise ou de l'expressionnisme abstrait.
D'un format in-folio et d'une qualité plastique exceptionnels, le livre fait la part belle aux artistes autochtones qui évoquent la douceur ineffable des paysages, naturels ou composés par l'homme ; celle, surtout, de l'univers féminin - aristocrates, geishas, enfants, adolescentes. Pourtant guerrier, l'univers masculin est la grâce même, somptueux uniformes chamarrés, corps au décor tatoué. La dureté que l'on devine des travaux et des jours se pare à son tour d'une noblesse hiératique qui la sublime sans la nier.
Haïkus de Bashô, de poétesses contemporaines (la princesse Masako) ou médiévales (Nukata no Okimi, Kasa no Iratsume), préceptes du bouddhisme zen et de l'art des samouraïs sous-tendent, tels des fils de soie, la délicate architecture de ce rêve d'éternité.
Ce livre monumental - 400 illustrations en couleurs - est le catalogue de l'exposition consacrée aux antiquités du proche et du moyen-orient aux musées royaux d'art et d'histoire de bruxelles, en 2008.
Il se distingue des livres et des catalogues spécialisés dans une époque ou une aire de civilisation déterminées, par la durée de la période qu'il traite : les objets les plus anciens datent du néolithique et la phase historique s'étend de gilgamesh, roi légendaire d'uruk (2652-2602 av. j.-c.), à la victoire de l'empereur aurélien sur la reine de palmyre, zénobie (272 apr. j.-c.) ; également par l'ampleur du champ qu'il recouvre : mésopotamie, de sumer à l'empire néo-babylonien ; syrie, phénicie, transjordanie ; mais aussi les civilisations périphériques, durablement influencées par celles du proche-orient : arabie du sud, iran, anatolie.
L'accent est mis, en particulier, sur la naissance et le développement de l'écriture : pictogrammes, cunéiformes, syllabique, alphabet. parmi les pièces majeures analysées dans le livre, tirées des collections royales de bruxelles, figurent la célèbre plaque votive de gilgamesh, des bas-reliefs de nimroud, des ivoires et des statues votives de phénicie, des idoles anatoliennes, des sceaux cylindres et des tablettes mésopotamiennes, de splendides bijoux iraniens et babyloniens ; et surtout, la plus belle collection au monde de bronzes du luristan (iran) dont les formes et la décoration fantastiques sont influencés par les arts de la steppe autant que par les traditions du proche-orient ancien.
De nombreuses cartes en couleurs, dessinées par le cartographe de l'école pratique des hautes études de la sorbonne, et des chronologies détaillées, viennent étayer cet impressionnant travail d'érudition.
L'histoire du livre grec et latin trouve dans les découvertes archéologiques d'Egypte une part majeure de ses sources. Les sables des franges désertiques de la vallée du Nil et des oasis ont en effet restitué, par milliers, les plus anciens manuscrits grecs et latins, souvent de mille ans antérieurs aux copies médiévales. Ces livres sur papyrus ou sur parchemin conservaient parfois aussi des oeuvres inédites. La sécheresse du climat a assuré leur préservation. Cet ouvrage s'inscrit dans le cadre d'une Egypte multiculturelle, où cohabitent, dès avant la conquête d'Alexandre le Grand (332 av. J.-C.), Grecs et Egyptiens, puis, avec son intégration dans l'Empire romain, Grecs, Egyptiens et Romains. Il s'achève avec la conquête arabo-musulmane (639-642) qui met un terme à plus d'un millénaire d'intense vie culturelle grecque. Cette étude permet de réfléchir aux relations réciproques entre les civilisations. Elle aborde le contenu des livres grecs qui rassemblent les oeuvres de la culture écrite grecque et les traductions des " sagesses barbares ". A travers l'examen des supports du livre et de leur typologie on découvre les conditions dans lesquelles les Grecs d'Egypte renoncèrent au livre en rouleau, le " livre ancien " pour adopter cette invention romaine qu'est le codex, le " livre moderne ". Notre objectif est de présenter ces livres perdus et retrouvés dans leur contexte social et culturel, en nous intéressant à la sociologie des lecteurs et aux pratiques de la lecture. Nous allons pour cela à la rencontre des lecteurs - et des lectrices -, aussi bien à Alexandrie qui accueille - entre autres - la célèbre bibliothèque du Musée, que dans les provinces égyptiennes (les " nomes "), dans cette chôra où s'est épanouie une vie culturelle brillante. Aujourd'hui la nouvelle bibliothèque d'Alexandrie apparaît comme l'héritière de sa prestigieuse aînée.
Dix siècles de merveilles, exposées en majesté, composent un ensemble unique sur les arts décoratifs du Moyen Age.
Célèbres - l'ivoire Barbérini (Musée de Cluny), les vitraux de Saint-Denis, la Statue de la Sainte Foi de Conques, la Pala d'or de Saint-Marc de Venise, l'Apocalypse d'Angers, les livres d'Heures du Maréchal de Boucicaut et du Duc de Berry - ou moins connus du public français - tels la Pala de Klosterneuburg, la Couronne de Théodolinde, à Monza ou l'Autel d'or de Saint-Ambroise, à Milan - ces chefs-d'oeuvre absolus sont d'irremplaçables témoignages sur l'histoire et la spiritualité médiévales : puissance des courants d'échanges, haute valeur symbolique d'oeuvres vouées à la gloire des souverains et de Dieu.
Arts princiers, arts du décor qui embellit et ennoblit la matière, lui confère la dignité de l'oeuvre et l'élan de l'esprit. Bernard de Clairvaux lui-même, contempteur de ce luxe ostensible destiné à la seule " concupiscence des yeux ", le décrit dans les mêmes termes que son adversaire, Suger : " l'oeuvre surpassait la matière ", materiam superabat optes... à quoi l'abbé de Saint-Denis semble faire écho, ajoutant à un antique vase de marbre les attributs d'un aigle en argent doré et signant : " cet objet méritait d'être serti d'or et de pierreries : né dans le marbre, qu'il soit désormais plus précieux que le marbre " ! La commande des souverains et de leurs ministres, grands dignitaires de l'Église, est la marque d'une politique temporelle et spirituelle.
La " renaissance carolingienne " se fonde sur l'activité, dûment réglée par l'empereur, des scriptoria, au premier rang desquels celui du palais d'Aix-la-Chapelle et ceux de Reims, de Tours et de Metz : à l'an mil, sous les Othon, celui de Reichenau en sera l'héritier. Les grands centres de production d'ivoires et d'orfèvrerie souvent fort éloignés - jusqu'à Byzance - dessinent une carte de l'Europe des échanges allant de Liège et de la Meuse à Milan, Canterbury et Paris...
Incluant, plus tard, les ateliers des miniaturistes de Flandre et de Bourgogne. A ce panorama évoquant centres de création, collectionneurs illustres et artistes majeurs, Liana Castelfranchi ajoute un fort pouvoir d'interprétation. Elle souligne les affinités de style entre ces différents arts. Ainsi, au VIIe siècle, l'ornementation des manuscrits irlandais, Livres de Lindisfarne, de Durrow, ou de Kells, reproduit, dans la complexité infinie de ses entrelacs, le style des fibules de la tombe de Sutton Hoo (Sussex).
L'auteur rapproche aussi la profonde gamme des bleus des vitraux de Saint-Denis des émaux de la Meuse et des miniatures anglo-saxonnes (Bible de Bury St-Edmunds). Se concentrant sur des époques clés de l'évolution médiévale, le livre fait apparaître surtout le surgissement de styles nouveaux et de sensibilités originales. Ainsi, la tension, aux Ve et VIe siècles, entre la fidélité aux canons de l'antiquité païenne et l'affirmation parfois violente d'une rupture (Diptyque de Boèce).
Ou, à l'autre extrémité de la chronologie, les effets de perspective architecturale et de trompe-l'oeil inaugurés par le jeune Van Eyck, qui présagent un tournant décisif dans l'évolution de la peinture.
Un panorama des plus illustres jardins classiques d'Europe dessinés sur le modèle de Vaux-le-Vicomte et de Versailles qui ouvrent le livre : Caserte, La Granja, Saint-Petersbourg, Schönbrunn, Beloeil etc., dont sont édités les plans détaillés. Le livre montre bien que le jardin français est l'expression théâtrale de l'enchantement baroque, une mise en scène de l'Illusion plutôt que la traduction géométrique du rationalisme cartésien.
Les prochains Jeux olympiques auront lieu à Athènes en août 2004, et cela pour la première fois depuis leur renaissance en 1896, dans la capitale grecque, à l'instigation de Pierre de Coubertin. Cette circonstance exceptionnelle conduira à se pencher, avec un intérêt renouvelé, sur les Jeux olympiques de l'Antiquité qui débutèrent, selon la tradition, en 776 avant J.-C. pour se prolonger pendant plus d'un millénaire. S'appuyant sur de nombreuses découvertes archéologiques et épigraphiques récentes, ce livre permet d'abord de faire le point non seulement sur les concours (les agônes), mais aussi sur l'ensemble des activités sportives qui, depuis la palestre et le gymnase jusqu'au stade et à l'hippodrome, marquèrent si profondément la civilisation grecque. Mais, contrairement à ce que l'on estime souvent, le sport n'est pas né à Olympie, pas plus qu'il ne s'est éteint dans l'Attique ou le Péloponnèse. L'Egypte nous offre de nombreuses scènes sportives, entre autres de lutte, dès le 3e millénaire avant notre ère, et les Romains, héritiers des Etrusques sur bien des points et en particulier dans ce domaine, ont peut-être créé le sport moderne, avec ses spectacles de masse, ses clubs puissants et ses enjeux financiers colossaux : le Grand Cirque de Rome, dans lequel s'entassaient jusqu'à 150 000 spectateurs, voyait défiler sur leurs quadriges des cochers adulés du public et qui n'avaient rien à envier sur aucun point à nos stars du football ou de l'automobile.
Les auteurs livrent une biographie au jour le jour de Viollet-le-Duc, personnage emblématique du XIXe siècle. Touche-à-tout génial, dessinateur hors pair, Viollet-le-Duc restaure les plus grands édifices de France : Madeleine de Vezelay, abbatiale de Saint-Denis, cité de Carcassonne, cathédrale Notre-Dame de Paris... A partir de nombreuses archives, ils retracent sa vie quotidienne, ses amitiés, ses ennemis et surtout, ses réalisations.
" Pays des origines, fécond et nourricier ; pays d'autrefois, sans ruines, d'où le temps s'est absenté ", ainsi Rimbaud salue-t-il l'Ethiopie immémoriale, terre des sources et des confins, isolée par la géologie, par l'histoire, par tes légendes : Ménélik, fils du roi Salomon et de la reine de Saba ; Prêtre Jean, souverain d'un royaume chrétien de l'au-delà... Le pèlerinage est mémoire des mythes fondateurs, il fait revivre l'esprit et la ferveur des commencements au long du dur cheminement qui conduit à la fusion collective des êtres par les rites. Lalibela la chrétienne, Sheikh Hussein l'islamique, deux sanctuaires jumeaux, deux pôles opposés. Lalibela, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, le plus important pèlerinage de l'Ethiopie, l'égale des plus célèbres sanctuaires excavés du monde, Bamyan, Ellora, Pétra, Dunhuang. Sheikh Hussein la blanche, offerte aux multiples couleurs des orants, inconnue des encyclopédies occidentales. Toutes deux incrustées dans tes montagnes, lieu du sacré. Lune et l'autre fondées en l'honneur d'un saint roi éponyme (XIIe-XIIIe siècles) dont elles répètent le pèlerinage fondateur : vertigineux voyage onirique du chrétien orthodoxe vers la Jérusalem céleste, en compagnie des anges ; voyage souterrain, de Dirre à La Mecque, du soufi faiseur de miracles, écho au voyage nocturne du Prophète, de La Mecque à Jérusalem. Les admirables photographies de Paola Viesi unissent, dans la splendeur des paysages qui leur confèrent une dimension cosmique, ces deux pèlerinages où vibre l'âme de l'Ethiopie. Et le texte inspiré d'Elisabeth Foch, qui a refait la route avec la photographe parmi les foules des pèlerins, fait vivre, dans l'entrelacs des descriptions croisées, le lent pas à pas de la ferveur, les vibrations de la poussière et le grouillement du quotidien ; le hiératisme des cérémonies de Ledet- naissance du Christ -, rythmées par les chants des psaumes de David ; le paroxysme de l'ivresse et de l'extase qui scande l'invocation à Hussein, le saint guérisseur. Ces rituels, inchangés depuis les origines du christianisme et de l'islam, enrichis par les syncrétismes issus des traditions locales, témoignent de l'exceptionnelle cohabitation qui règne entre les deux religions.
Bien que Giorgio Vasari ait fait l'éloge de ses constructions françaises et assigné ainsi à Primatice (1504-1570), héritier de Raphaël et de Giulio Romano, une place éminente parmi les architectes de la Renaissance, l'histoire de l'art a tardé à reconnaître son oeuvre.
En 1900, Louis Dimier a mis en relief le rôle fondamental qu'avait joué l'architecture dans son itinéraire artistique. Mais tout au long du XXe siècle la recherche ne s'est guère intéressée à cet aspect essentiel de son activité et les organisateurs de la grande exposition de 2004, Primatice maître de Fontainebleau, ont préféré ne pas aborder le sujet. Quand cette exposition vint à Bologne, ville natale de l'artiste, nous avons publié un ouvrage collectif Francesco Primaticcio architetto, le premier consacré à cette problématique.
Le présent volume en reprend l'essentiel, c'est-à-dire les contributions concernant l'oeuvre architecturale de Primatice en France, revues par les auteurs et enrichies de réflexions nouvelles. Victimes de l'évolution du goût, la plupart des bâtiments de Primatice, souvent restés inachevés, ont disparu et l'absence de dessins d'architecture autographes rend encore plus difficile l'étude de son oeuvre.
Si les caractéristiques du style architectural de Primatice sont encore visibles au château de Fontainebleau et dans la chapelle funéraire de Diane de Poitiers à Anet, les restitutions graphiques, fondées sur la recherche archéologique et l'étude critique des documents, peuvent seules donner une idée des édifices détruits: la fontaine d'Hercule, la grotte du château de Meudon et la Rotonde des Valois.
Ces édifices révèlent un artiste de premier rang, créateur d'architectures spectaculaires, promoteur d'échanges renouvelés entre la France et l'Italie, auteur de synthèses originales associant les deux cultures. Cette oeuvre jette une lumière nouvelle sur la réception de la Renaissance italienne en France entre 1540 et 1570 et les métamorphoses du vocabulaire architectural qui eurent lieu pendant cette période.
Elle illustre de manière exemplaire la circulation des modèles et des savoirs.
L'architecte Louis Le Vau (1612-1670) est une figure difficilement contournable du siècle de Louis XIV, mais aucun ouvrage n'a été menée à bien à son sujet et des pans entiers de son activité demeurent encore obscurs. Fils de maçon, Le Vau débute sa carrière sur l'île Saint-Louis à Paris et se fait rapidement connaître comme architecte par les riches particuliers qui font bâtir de nouveaux hôtels.
Il est notamment l'auteur de l'hôtel Lambert qui le fait remarquer par Fouquet (Vaux-le-Vicomte) et Louis XIV (pour Versailles). A partir de nombreuses sources d'archives inédites, l'ouvrage retrace le début de la carrière de Le Vau et donne à voir ses réalisations aujourd'hui disparues. Il couvre les vingt premières années de l'activité de Le Vau, depuis sa première oeuvre connue, l'hôtel Bautru (sur l'île Saint-Louis) en 1634 jusqu'au commencement de son emploi au service du roi en 1654.
A travers l'étude de ses débuts professionnels, de son activité sur l'île Saint-Louis et des progrès de sa carrière à la ville et à la cour, le propos permet d'éclairer non seulement le portrait du jeune architecte, mais aussi d'offrir un tableau des personnalités et des ambitions artistiques, sociales et politiques qui animent l'architecture française au milieu du XVIIe siècle. L'ouvrage compte de nombreuses reproductions (manuscrits, estampes, tableaux), des photographies (façades, décors intérieurs) et des dessins de l'auteur qui restituent des édifices aujourd'hui disparus qui ont marqué l'architecture française.
Le théâtre des Champs-Élysées est le chant du cygne d'une société qui disparaîtra dans le suicide collectif que sera la Première Guerre mondiale. Comme toute histoire, celle de l'architecture est tributaire des archives, et par chance, celles du théâtre se sont conservées jusqu'à nous, sommeillant dans les lieux les plus improbables. Deuxième chance, c'est par lettres que l'architecte a fait ses propositions au président de la Société du théâtre et que celui-ci les a acceptées ou en a demandé des modifications. En une centaine de lettres, le lecteur assiste ainsi à l'éclosion du projet. Reste à réaliser le chef-d'oeuvre. Et là, troisième chance, la Société du théâtre a conservé les comptes rendus de ses conseils d'administration et de ses assemblées générales ; leur étude permet de comprendre comment l'entrepreneur Gustave Perret s'est immiscé dans l'opération jusqu'à évincer l'architecte Henry Van de Velde. Dernière chance enfin, ces textes mettent au jour les rivalités au sein du conseil, rivalités qui furent l'une des causes de la mise en liquidation judiciaire de la Société, car les impératifs financiers ne prennent pas en compte la qualité, par essence indicible, d'une salle de spectacle. Pour notre bonheur, il s'est trouvé un financier, Gabriel Thomas, qui a compris que la naissance d'un chef-d'oeuvre ne pouvait obéir aux règles comptables. Une belle histoire.
Cette famille de constructeurs venue de Normandie à Paris a noué avec celle de Mansart des liens matrimoniaux qui sont à l'origine de son destin artistique.
Avec les Delisle, les de Cotte, les Delespine, tous apparentés à Mansart, les Gabriel forment un clan homogène et bien établi où se perpétue la fonction de Premier architecte du roi. Ainsi s'organisent les plus importantes réalisations du XVIIIe siècle français. Le présent livre élaboré par les meilleurs spécialistes, est une étude approfondie de l'oeuvre de la plus prestigieuse dynastie française d'architectes.
Il présente dans leur ampleur les constructions officielles du long règne de Louis XV réunissant un ensemble de résidences royales, d'édifices parisiens et provinciaux, témoins d'une époque où l'architecture de l'Ancien régime a symbolisé pour la dernière fois l'autorité monarchique.
L'architecte Louis Le Vau (1612-1670) est une figure difficilement contournable du siècle de Louis XIV, mais aucun ouvrage n'a été menée à bien à son sujet et des pans entiers de son activité demeurent encore obscurs.
Fils de maçon, Le Vau débute sa carrière sur l'île Saint-Louis à Paris et se fait rapidement connaître comme architecte par les riches particuliers qui font bâtir de nouveaux hôtels. Il est notamment l'auteur de l'hôtel Lambert qui le fait remarquer par Fouquet (Vaux-le-Vicomte) et Louis XIV (pour Versailles).
À partir de nombreuses sources d'archives inédites, l'ouvrage retrace le début de la carrière de Le Vau et donne à voir ses réalisations aujourd'hui disparues. Il couvre les vingt premières années de l'activité de Le Vau, depuis sa première oeuvre connue, l'hôtel Bautru (sur l'île Saint-Louis) en 1634 jusqu'au commencement de son emploi au service du roi en 1654.
À travers l'étude de ses débuts professionnels, de son activité sur l'île Saint-Louis et des progrès de sa carrière à la ville et à la cour, le propos permet d'éclairer non seulement le portrait du jeune architecte, mais aussi d'offrir un tableau des personnalités et des ambitions artistiques, sociales et politiques qui animent l'architecture française au milieu du XVIIe siècle.
L'ouvrage compte de nombreuses reproductions (manuscrits, estampes, tableaux), des photographies (façades, décors intérieurs) et des dessins de l'auteur qui restituent des édifices aujourd'hui disparus qui ont marqué l'architecture française.
L'histoire de l'homme est intimement liée à celle des graines. Véritables organismes miniatures, illustrations inépuisables du génie végétal, elles portent la responsabilité de la survie de leur espèce. Mais, graines-aliments ou graines-épices, elles constituent aussi la base de notre alimentation. Un trésor si précieux que l'homme est parti à leur recherche tout autour de la planète et qu'elles ont, pour certaines (le poivre, la noix de muscade.), suscité des guerres, fait vaciller des empires. Depuis l'aube de l'humanité, elles sont également connues pour leurs vertus médicales et cosmétiques.
Et aujourd'hui, elles sont à la base des biocarburants dont le développement n'est pas sans poser problème.
À travers un texte riche, fourmillant d'informations et d'anecdotes, Emmanuelle Grundmann nous fait partager sa connaissance à la fois biologique, historique et ethnologique des graines et fruits. Les images de Muriel Hazan nous les font découvrir multiples : bardées d'écailles ou de pics, charnues, rugueuses ou dentelées, parfois effarantes de beauté. Surtout, à travers le monde, Muriel Hazan a photographié les marchands, les agriculteurs, tous ceux qui poursuivent cette transmission des graines commencée avec l'aube du genre humain. Seize recettes clôturent le livre pour découvrir ou redécouvrir certaines belles oubliées ou méconnues.
«Si l'on mesure à l'aune de l'architecture la production des édifices religieux en Espagne, dans les Asturies et dans le califat omeyyade, on saisit la disparité qui existe entre le David mozarabe et le Goliath arabe. Au regard des minuscules chapelles et des espaces cloisonnés des églises du Nord de la Péninsule, l'immensité de la salle de prière de Cordoue ne laisse pas augurer du succès de la reconquista ni de la victoire des rois catholiques, un demi-millénaire plus tard. Un jour pourtant, à Grenade, l'énormité du palais de Charles Quint tentera d'éclipser les fines dentelles de stuc de l'Alhambra. La donne aura changé. De même, la relative faiblesse des effectifs des envahisseurs arabes en Espagne est à mettre en parallèle avec la masse des populations autochtones hispano-romaines. Néanmoins, ce sont celles-ci qui ont subi la dynamique d'un peuple lancé dans la conquête du monde ancien et dont l'unique bagage résidait dans le message coranique que ses croyants aspiraient à délivrer à l'humanité. Là aussi, l'échelle relativise le constat, tout en le rendant plus mystérieux encore.
Tel est l'intérêt d'une enquête remettant en perspective les acteurs d'un affrontement militaire autant que culturel, religieux aussi bien qu'artistique. Sa valeur n'est-elle pas de mesurer l'aventure humaine dans ce champ clos que fut alors la Péninsule ibérique ? La civilisation s'y jouait à pile ou face. L'histoire n'y fut pas linéaire, elle a connu retournements et soubresauts. Et les résultats s'y mesurent aujourd'hui à l'échelle de la planète, dont une vaste partie parle le castillan, après la conquête planétaire qui résultait de la «reconquête»».
Henri Stierlin
Une vision impressionniste des grands temples d'Angkor, dont les jeux de lumière rendent aux couleurs des pierres et de la végétation un éclat inédit, reflètant d'autant mieux l'éternelle fascination qu'a exercée Angkor sur tous les visiteurs.
La production de l'argent métal est un fait technique et économique, mais aussi éminemment politique.
Depuis les VII-VIIIe siècles, le monométallisme argent est la règle en France, avec la frappe du denier. Le XIIIe siècle marque le retour au bimétallisme, mais jusqu'au règne de Philippe IV le Bel l'argent reste le métal le plus utilisé, ce qui impose une recherche systématique des minerais argentifères, même les plus médiocres. Un premier survol de la documentation montre que si la Gaule a produit de l'argent, c'est en quantité bien moindre que la péninsule Ibérique au même moment.
Quelques gisements sont exploités au Haut Moyen Âge, mais ils semblent peu nombreux. A partir du XIIe siècle, on observe une véritable explosion de l'activité minière, qui se traduit par une inflation des sources documentaires. Du XIIe à la première moitié du XIVe siècle, l'activité minière et métallurgique est intense et c'est l'Europe méditerranéenne qui est la principale productrice de métal blanc : Sardaigne, Toscane, Espagne, mais aussi la moitié sud de la France.
La dépression du milieu du XIVe siècle affecte l'activité minière, sans l'interrompre totalement et la reprise se manifeste par une incitation des princes à prospecter ; c'est aussi, avec le XVe siècle, le temps de légiférer. Les seigneurs sont peu à peu dépossédés par le roi de France qui cherche alors à reconquérir des droits miniers. Enfin la découverte des grands gisements d'Amérique latine, au XVIe siècle, change la donne geoéconomique.
L'argent. Du minerai au pouvoir s'intéresse aux techniques et à leur évolution au Moyen Âge mieux connues grâce au développement de l'archéologie minière depuis une vingtaine d'années : techniques extractives, techniques métallurgiques, étude des ateliers et des résidus du travail, des gestes des ouvriers. La production du métal blanc lié à la frappe monétaire est indissociable d'un contexte politique, économique, social et juridique : enjeux politiques et conséquences sur l'économie, l'environnement, le peuplement et les voies de communication, le statut du mineur, etc.