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Vers la fin du iiie millénaire av.
J.-c., des cavaliers-migrateurs, venus peut-être du sud de la russie, submergèrent par vagues successives la majeure partie du continent européen et poussèrent jusqu'aux confins de l'inde. à ces conquérants, qui parlaient approximativement la même langue, on a attribué par convention le nom d'indo-européens. ils partageaient une vision du monde tripartie - le système des trois fonctions - où s'articulent, selon un ordre hiérarchique : la souveraineté magique et juridique (la première fonction) ; la force physique et principalement guerrière (la deuxième fonction) ; la richesse tranquille et féconde (la troisième fonction).
Ainsi ces très lointains ancêtres se fondaient-ils sur une conception de la société qui distingue en les hiérarchisant les prêtres, les guerriers et les éleveurs-agriculteurs. cet outil mental classificatoire a permis aux indo-européens, puis à leurs héritiers, indiens, iraniens, scythes, grecs, romains, celtes, germains..., de mettre de l'ordre dans l'ensemble de l'univers : il organise les habitants du ciel, sous-tend rituels et sacerdoces, et charpente l'essentiel des phénomènes, productions et discours humains.
Mythe et épopée est consacré aux usages littéraires et non pas théologiques ou religieux que les principaux peuples indo-européens ont faits de leur commun héritage. car si la structure des trois fonctions se présente d'abord comme une machine à faire les dieux, elle se révèle aussi être un formidable instrument de fabrication d'histoires. pas uniquement de mythes, mais de récits profanes, de légendes, d'épopées, de contes où les dieux et les hommes s'en vont par trois.
L'oeuvre de Georges Dumézil, immense spécialiste des langues et des religions indoeuropéennes, traduit dans le monde entier, demeure une référence majeure pour les ethnologues, les historiens, et quiconque s'intéresse aux sciences humaines. Et, si l'érudition magistrale de son propos en rend parfois la lecture difficile, l'ambition de ce volume, qui réunit trois de ses plus fameux ouvrages, est précisément d'en redonner aux étudiants et aux chercheurs un accès de première main.
Qui sont les Indo-Européens ? Comment Dumézil a-t-il découvert et approfondi la notion de « tripartition fonctionnelle » ? Quel a été l'apport du structuralisme dans sa méthode ? Comment a-t-il peu à peu émancipé la mythologie comparée de la linguistique ? Autant de questions que l'on aborde dans cette édition, et ce à travers les textes : deux livres fondamentaux (Loki, Heur et Malheur du guerrier) - véritables bijoux sur le plan de la démonstration comme sur le plan narratif, témoins s'il en est de l'inventivité et de la méthode de Dumézil - et un recueil (Mythes et Dieux des Indo-Européens) donnant à voir les multiples facettes et l'extension d'une pensée qui a révolutionné la façon de considérer la mythologie et le monde indo-européen en particulier.
Sur quelles bases la religion romaine reposait-elle ? quelle était à l'origine son organisation ? a quelles influences était-elle soumise ? et comment a-t-elle évolué ? a travers l'étude des premières divinités romaines, des cultes public et privé, des sacerdoces, des signes des dieux, georges dumézil restitue une place prépondérante à la théologie et décrit un système étonnamment riche, articulé, hérité en partie de la préhistoire indo-européenne avec d'intelligentes adaptations, en partie produit par les conditions d'habitat et d'environnement.
Deux enquêtes indépendantes, l'une sur les droits matrimoniaux de l'Inde et de Rome, l'autre sur des épopées grecque, germanique, indienne et romaine, aboutissent au même constat : les Indo-Européens préhistoriques admettaient, avec les mêmes effets juridiques, quatre modes de mariage - don solennel d'une fille par son père à un homme estimé digne ; enlèvement d'une jeune fille ; union directe d'une jeune fille et d'un homme sans intervention des parents ; achat, réel ou simulé, par un homme, d'une fille à son père. De là sont dérivés, dans le droit d'une part, les mariages indiens, et d'autre part à Rome, où l'enlèvement ne subsiste que dans la légende des origines, les modes, non du mariage, mais de l'acquisition par le mari de la manus sur sa femme. Il est aisé de vérifier que ces deux coutumes se fondent sur les principes des trois fonctions déjà évoquées par l'auteur dans ses précédents travaux. De là aussi sont nés dans l'épopée : le tableau des mariages ébauchés ou consommés par Sigurdhr, le tableau des mariages consommés ou projetés par Héraclès ; dans l'Inde, le tableau des mariages ménagés par Bhîshma pour son jeune frère, puis pour ses deux neveux de sang pur.