On se souviendra du poème de Baudelaire : « La forme d'une ville / Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel ». En trois essais décisifs, Rem Koolhaas, l'enfant terrible de l'architecture contemporaine qui vient d'être distingué par le Lion d'or de la biennale de Venise, nous oblige à tourner la tête vers ce que nos villes sont devenues. Qu'est-ce qu'un paysage urbain ? Comment le décrire ? Comment s'y repérer ? Et que peut être aujourd'hui le travail de l'urbaniste ? Ces questions, Koolhaas ne les adresse pas aux spécialistes mais aux femmes et aux hommes qui vivent dans les villes, qui marchent dans les villes, qui veulent respirer dans les villes.Dans « Bigness », Koolhaas analyse les présupposés théoriques de l'architecture : sa place dans la pensée de la ville ; dans « La Ville générique », il observe la métropole contemporaine ; dans « Junkspace », il secoue bien des préjugés de la modernité.Koolhaas, qui fut aussi journaliste et scénariste pour le cinéma, est un écrivain. Il conçoit d'ailleurs la ville comme un grand récit où s'écrivent les récits de nos vies. Le lecteur se sentira pris par la main par cette écriture tendue souvent provocatrice, parfois lyrique et toujours précise. C'est tout autrement qu'il regardera son cadre de vie après avoir lu Junkspace. Il pourra, lui aussi, repenser l'espace urbain.Rem Koolhaas (né à Rotterdam en 1944) est architecte et urbaniste. Son agence l'OMA (Office for Metropolitan Architecture - Agence pour l'architecture métropolitaine) est mondialement connue pour ses contributions pratiques et théoriques à la réflexion sur l'urbanisme.
Manhattan est l'arène oú se joue le dernier acte du monde occidental.
Avec l'explosion démographique et l'invasion des nouvelles technologies, manhattan, depuis le milieu du xixe siècle est devenu le laboratoire d'une nouvelle culture - celle de la congestion - ; une île mythique oú se réalise l'inconscient collectif d'un nouveau mode de vie métropolitain, une usine de l'artificiel oú naturel et réel ont cessé d'exister. new york délire est un " manifeste rétroactif ", une interprétation de la théorie informulée, sous-jacente au développement de manhattan ; c'est le récit des intrigues d'un urbanisme qui, des origines à coney island jusqu'aux théoriciens du gratte-ciel, a fait exploser la grille d'origine.
Ce livre, polémique et prémonitoire (publié en 1978), illustre les relations entre un univers métropolitain mutant et la seule architecture qu'il puisse produire. il dit aussi que, souvent, l'architecture génère la culture.
À la manière des «Images de pensée» de Walter Benjamin, Rem Koolhaas s'interroge sur les profonds bouleversements qui touchent la nature même des villes contemporaines. Que ce soit Atlanta, Singapour, Paris, Lille, Berlin, Tokyo, Moscou, New York, Londres, une question revient : qu'est-ce que la ville aujourd'hui ? Pourquoi des architectes, des systèmes politiques, des cultures (américaine, européenne, asiatique) complètement différents en arrivent à des configurations relativement similaires ?
Convertir l'optimisme en danger et laisser celui-ci s'exprimer, forment un ensemble d'opérations dont on peut dire qu'il a toujours figuré au coeur du programme architectural de Rem Koolhaas. Cependant, il n'a jamais été aussi clairement explicité que dans ce livre-manifeste qui s'ouvre par une proclamation "L'architecture est une profession dangereuse" dont les spectaculaires affirmations et les brutaux défis implicites sont développés tout au long des entretiens. L'optimisme de Koolhaas est dual : il nous affirme non seulement que l'architecture doit se détourner de la vanité et du narcissisme confortables qui continuent à la protéger des réalités aléatoires de la bienséance historique, mais aussi que la spéculation architecturale doit se recentrer pragmatiquement, sur " la découverte de nouveaux potentiels dans les conditions existantes ", sur " le cadrage des transformations inévitables et des forces de la modernisation, et la recherche de leurs articulations ". Pour Koolhaas, la posture de l'optimisme ne génère rien de moins pour toute architecture qu'une " obligation " et même une " position fondamentale ". L'architecture sérieuse doit concrètement désirer être dangereuse.