« Ces pages seront-elles jamais publiées ? Je ne sais. Il est probable, en tout cas, que, de longtemps, elles ne pourront être connues, sinon sous le manteau, en dehors de mon entourage immédiat. Je me suis cependant décidé à les écrire. L'effort sera rude : combien il me semblerait plus commode de céder aux conseils de la fatigue et du découragement ! Mais un témoignage ne vaut que fixé dans sa première fraîcheur et je ne puis me persuader que celui-ci doive être tout à fait inutile. Un jour viendra, tôt ou tard, j'en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s'épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement. ».
Ce livre efface la coupure aussi traditionnelle qu'arbitraire entre le Moyen Âge et l'époque moderne. C'est toute cette période, de Charles VII à Henri II, qui est placée sous le signe «des» Renaissances. La fin de la guerre de Cent Ans et des grandes crises socio-économiques, au milieu du XV? siècle, est effectivement le point de départ d'un renouveau général, des hommes, des échanges, des richesses... La période 1453-1559 est alors entraînée dans un mouvement de floraison, de dynamisme et de créativité en de multiples domaines; c'est ce siècle effervescent qui, en définitive, correspond bien à l'appellation de «beau XVI? siècle».Il s'agit bien ici d'un «certain regard» sur le temps des Renaissances. La dialectique du changement (emblématique des représentations sur la période) et des continuités suppose d'évaluer avec justesse l'ampleur des mutations. Elle nourrit le débat, déjà ancien, sur la «modernité» de la Renaissance:s'agit-il de l'enfantement d'un monde nouveau ou du point d'aboutissement d'un certain rapport au monde, issu des derniers siècles médiévaux? Cette interrogation permet de tisser la trame qui sépare ce temps lumineux des Renaissances des ténèbres des guerres de Religion...
Le long XIII? siècle marque l'âge d'or de la dynastie capétienne, qui compte des personnalités fortes:Philippe II Auguste, saint Louis, Philippe IV le Bel. Il bénéficie d'une dynamique agricole soutenue et d'une révolution technique, qui s'exprime notamment dans l'érection des cathédrales.La prospérité - relative - des campagnes permet aussi l'essor des échanges et des villes. Littérature courtoise et naturalisme gothique témoignent d'une certaine douceur de vivre.La monarchie construit progressivement un territoire et un État, dont la nouvelle doctrine s'appuie sur la souveraineté et non plus sur la suzeraineté. Le pouvoir capétien trouve l'un de ses fondements dans l'alliance étroite du trône et de l'autel, même si cela ne va pas sans tensions avec la papauté. Après 1270, la crise du système féodal provoque difficultés, famines, chômage et troubles sociaux, préliminaires de la grande crise du XIV? siècle. Le pouvoir monarchique, cependant, ne cesse de se renforcer. Se met alors en place un binôme caractéristique du futur État moderne:guerre et fiscalité.Le contexte des temps, positif ou négatif, réinterprété à la lumière des recherches récentes, plonge le lecteur dans un des «grands siècles» de l'histoire de France.
Les personnages de ce livre sont les femmes, hommes et enfants qui peuplaient l'Europe entre 40000 et 10000 ans avant notre ère. L'archéologie nous permet de connaître nombre de détails sur leur vie quotidienne, comme ce qu'ils mangeaient ou les outils qu'ils façonnaient. Mais ce ne sont pas ces aspects, déjà bien connus, qui ont été retenus ici.L'autrice a choisi d'étudier les usages du corps de ces Homo sapiens:on a aujourd'hui une idée assez précise de leur apparence à partir de l'étude de leurs squelettes et des analyses ADN, de leur habillement, de leur parure, mais aussi de la manière dont ils se soignaient et dont ils traitaient leurs morts. Les vestiges de leurs activités permettent parfois de retrouver leurs gestes, leurs postures et leurs déplacements dans l'espace. C'est tout ce qu'on considère généralement comme invisible et hors de portée que Sophie A. de Beaune a cherché à mettre en avant, sorte de pied de nez aux historiens de l'art et autres non-spécialistes de la préhistoire qui prétendent qu'on ne saura jamais rien ni de la vie quotidienne ni de l'intimité de nos ancêtres européens. Les vestiges, certes fugaces et évanescents, ne sont pas si rares:il suffit de savoir les lire.
Loin d'analyser les deux conflits mondiaux en face à face, cet ouvrage envisage la période des Grandes Guerres comme un tout. Le grand basculement de l'été 1914, les horreurs des tranchées et le « front de l'arrière » font comprendre le processus qui conduit à un conflit inédit par son ampleur et sa brutalité : une guerre totale. Sans doute, en 1918, la France émerge, victorieuse, mais « malade de la guerre » : profondément affectées, jusque dans leurs structures, l'économie et la démographie ne peuvent être « réparées », reconstruites ou « reconstituées » aussi rapidement qu'un pont, une route ou un bâtiment.
La démobilisation culturelle et le retour à la mobilisation politique se déroulent dans une atmosphère de tensions et de modernisations artistiques, entre cultures des masses et culture de masse. Une attention particulière est portée aux relations internationales, aux traités, à l'esprit de revanche, en même temps qu'aux efforts des pacifistes, à la SDN, à Briand... Alors que la France abandonne en partie à regret une politique de puissance en Europe, le terrain colonial devient bientôt le seul où cette politique impérieuse peut pleinement s'exprimer. Avant que tout ne bascule, de nouveau, dans des crises multiples pour aboutir à la catastrophe de mai-juin 1940 et, avec elle, à la mise à mort des principes républicains...
Pour restituer ce « passé qui ne passe pas », Nicolas Beaupré a su trouver la bonne distance, entre passion et parti pris, pour nous faire comprendre et partager les enjeux d'une des périodes les plus dramatiques et controversées de l'histoire de France.
L'époque où surgit la dynastie capétienne ne se confond pas avec « la naissance de la France ». Sans doute le royaume de Francie occidentale puis de France, qui embrasse alors la Catalogne au sud et la Flandre au nord, devient-il une entité politique qui ne se partage plus, mais le souverain continue explicitement de se dire « roi des Francs » plutôt que « roi de France ». Si la monarchie construit et élargit méthodiquement son domaine, le sentiment d'une unité française n'existe pas pour autant. Soucieux d'échapper à toute téléologie dynastique ou nationale, le propos tenu ici accorde une grande attention aux singularités régionales.
Les siècles de la féodalité, longtemps décrits comme des siècles de fer, correspondent en réalité au moment du « décollage » européen.
Dynamisme économique, expansion chrétienne et mutations sociales vont alors de pair, portés par l'affirmation d'un ordre seigneurial effaçant peu à peu les derniers vestiges de l'empire carolingien.
Les acquis des recherches historiques des vingt dernières années ont profondément renouvelé la compréhension de ce long moment de transition. Ils conduisent à réexaminer des questions aussi fondamentales que le regroupement des populations et la « naissance du village », l'instauration de la seigneurie châtelaine, le rôle des réformes monastiques ou l'épanouissement de l'art roman et gothique.
Ils amènent surtout à remettre en cause la thèse d'une « mutation féodale » rapide et brutale autour de l'an mil au profit d'une appréciation plus nuancée des évolutions.
L'histoire a longtemps juxtaposé des images simples pour définir les quatre siècles écoulés de 481 à 888 : aux Mérovingiens sanguinaires, incultes et incapables - à l'exception de Clovis - succédaient des Carolingiens glorieux, conquérants et propagateurs actifs de la foi chrétienne. Les recherches des dernières décennies, fondées sur une réévaluation des sources écrites et sur les progrès de l'archéologie, ont libéré cette période du carcan des idées reçues.
Si les premiers Carolingiens rassemblent sous leur sceptre presque toute l'Europe occidentale, cette construction brillante se révèle d'une extrême fragilité : en effet, la puissance effective ne vaut que sur une échelle territoriale étroite et le pouvoir central est obligé de collaborer avec les aristocraties locales. Quand apparaît le nom de « Francie », il recouvre une mosaïque de communautés régionales très diverses.
Ainsi les auteurs de cet ouvrage ramènent-ils les faits aux réalités de l'époque, rejetant les anachronismes et les outrances, négatives ou positives. Ils mettent en scène une société étrangère à la nôtre par ses hiérarchies, ses caractères anthropologiques et ses institutions.
Cette histoire renouvelée possède un attrait majeur : au-delà des représentations traditionnelles, elle s'efforce d'atteindre le réel.
À quelques kilomètres d'Embrun dans les Hautes-Alpes, sur les bords du lac de Serre-Ponçon, jaillit soudain un château aux allures médiévales, le château de Picomtal. Au début des années 2000, les nouveaux propriétaires effectuant des travaux découvrent, au revers des planchers qu'ils sont en train de démonter, des inscriptions. Cent vingt ans plus tôt, au début des années 1880, le menuisier qui a monté le parquet dans les différentes pièces s'est confié. L'homme sait qu'il ne sera lu qu'après sa mort. Il adresse un message outre-tombe et parle de lui, de ses angoisses, de sa famille, de ses voisins, faisant revivre une société villageoise confrontée au progrès économique matérialisé par l'arrivée du chemin de fer, mais aussi à l'avènement de la République.
Pour autant c'est surtout quand il évoque les secrets des uns et des autres, quand il parle de sexualité, que Joachim Martin s'avère un témoin passionnant des moeurs souvent cachées de son temps. On dispose de peu de témoignages directs des gens du peuple, mais cette façon de s'exprimer est totalement inédite. Qui plus est ces confessions revêtent un caractère exceptionnel. À travers son témoignage, sur luimême et son village, c'est ainsi toute une époque qui revit.
Jacques-Olivier Boudon est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris Sorbonne où il dirige aussi le Centre d'histoire du XIXe siècle. Président de l'Institut Napoléon et directeur scientifique de la Bibliothèque Marmottan, il a publié une trentaine d'ouvrages consacrés à l'Empire et à l'histoire du XIX e siècle, dont Les Naufragés de la Méduse.
En 1968, je reçus proposition d'écrire, pour la collection Trente journées qui ont fait la France, le livre consacré à l'un de ces jours mémorables, le 27 juillet 1214. Ce dimanche-là, dans la plaine de Bouvines, le roi de France Philippe Auguste avait affronté malgré lui la coalition redoutable de l'empereur Otton, du comte de Flandre Ferrand et du comte de Boulogne Renaud ; il était, grâce à Dieu, resté le soir maître du champ. L'empereur avait détalé ; les deux comtes rebelles étaient pris. Victoire, comme on l'a dit et répété, fondatrice : les assises de la monarchie française en furent décidément raffermies. Une bataille. Un événement. Ponctuel. Retentissant.
Quel intérêt, pour le grand historien des sociétés médiévales que fut Georges Duby, attaché aux profondeurs d'une histoire longue et lente, d'accepter de traiter un sujet aussi convenu dans une collection qui, de surcroît, incarnait un genre d'histoire si étranger à celui dont il était un illustre représentant ?
Renouveler de fond en comble l'approche de l'événement. Le subvertir de l'intérieur. Substituer au récit une anthropologie de la guerre au XIIIe siècle et amorcer une histoire du souvenir. Planter le drapeau de l'histoire nouvelle sur l'Annapurna de l'histoire la plus traditionnelle, écrit Pierre Nora, l'historien des lieux de mémoire, dans sa préface qui situe ce grand classique dans le mouvement de la production historique.
« Guerriers et paysans est l'histoire d'un démarrage, celui de l'économie européenne entre les invasions barbares et l'essor des villes. La grande nouveauté n'est pas l'application à une époque reculée d'un concept de l'économie moderne... Elle est dans la découverte de phases insoupçonnées et de mécanismes paradoxaux de ce démarrage. » Jacques Le Goff Il ressort de cette vaste enquête sur le premier essor de l'économie occidentale entre le VIIe et la fin du XIIe siècle que l'élan de croissance a été animé, essentiellement dans une première phase, par les activités militaires dont l'aristocratie tirait alors tous les profits, et qu'il le fut, dans une seconde phase, par le labeur des paysans que stimulait le pouvoir seigneurial.
Il y a près de 2 millions d'années, une première vague d'« immigrants » venus d'Afrique peuple le continent du Caucase à l'Atlantique. Une deuxième vague invente l'art rupestre et partage une culture qui embrasse, elle aussi, l'Europe. Il y a 8 000 ans, une révolution venue du Proche-Orient, le Néolithique, implante l'agriculture et les premiers villages.
Puis naît, à l'âge du Bronze, la civilisation urbaine, qui couvre progressivement tout le territoire. Sur les vestiges de l'Empire romain s'impose l'ordre féodal. Enfin, l'histoire européenne oscille entre des empires vastes mais provisoires et l'éparpillement d'unités territoriales souveraines.
Seule l'archéologie peut faire revivre, à partir des archives du sol, cette longue mémoire, entre vie quotidienne, pratiques religieuses et relations avec l'environnement. Quinze archéologues européens se sont associés autour d'un même projet : contribuer, par une meilleure compréhension de la préhistoire et de l'histoire des Européens, à une plus juste perception de leur destin collectif.
Le 6 septembre 2009, Antoine de Baecque se lance sur le GR5, un sac de dix-sept kilos sur le dos, pour un mois de randonnée solitaire à travers les Alpes, depuis le lac Léman jusqu'à la Méditerranée : six cent cinquante kilomètres, trente mille mètres de dénivelée, sept à neuf heures de marche quotidienne. De cette aventure, il a tiré un exercice d'histoire expérimentale mêlant études savantes sur les Alpes et l'aménagement de la montagne et recherche personnelle, «par les pieds», attentive au corps.
L'auteur raconte la genèse du GR5, tantôt chemin de pèlerinage, tantôt sentier commercial ou de contrebande, draille de la transhumance ou voie militaire. Il montre comment il s'est constitué en emblème, remontant à ses pionniers randonneurs, suivant ses «aménageurs», proposant une typologie de ses usages et une sociologie de ses usagers. De plus, il fait le récit au jour le jour de cette «grande traversée des Alpes» qu'il a désiré éprouver lui-même.
Il résulte de cette expérience une forme originale d'écriture de l'histoire, un essai d'histoire marchée. Née de l'avancée du randonneur, celle-ci rend compte de la progression le long d'un sentier et, dans la foulée, plonge dans l'histoire même de ce sentier, les strates multiséculaires laissées par les circulations alpines passées. Ainsi permet-elle au lecteur lui-même de suivre, au rythme de la marche, le chemin qui va dans la montagne.
Sous couverture illustrée, 108 x 178 mm
Ce livre n'est point une histoire de la révolution.
C'est une étude sur cette révolution. les français ont fait en 1789 le plus grand effort auquel se soit jamais livré aucun peuple, afin de couper pour ainsi dire en deux leur destinée. j'avais toujours pensé qu'ils avaient beaucoup moins réussi dans cette singulière entreprise, qu'on ne l'avait cru au dehors et qu'ils ne l'avaient cru d'abord eux-mêmes. de telle sorte que, pour bien comprendre et la révolution et son oeuvre, il fallait oublier un moment la france tel que nous voyons, et il fallait oublier un moment la france que nous voyons, et aller interroger dans son tombeau la france qui n'est plus.
C'est ce que j'ai cherché à faire ici.
Montaillou: un petit village de montagnards et de bergers en haute Ariège, à 1 300 mètres d'altitude. En 1320, Jacques Fournier, évêque de Pamiers, plus tard pape d'Avignon, y déploie ses talents d'inquisiteur. Il finit par déterrer tous les secrets du village. Rien n'échappe à cet évêque fureteur, ni les vies intimes, ni les drames de l'existence quotidienne. En s'appuyant sur cet extraordinaire document de Jacques Fournier, sorte de roman vrai du petit peuple du XIVe siècle, Emmanuel Le Roy Ladurie ressuscite, en utilisant les méthodes historiques et ethnographiques les plus actuelles, la réalité occitane et cathare d'il y a six cent cinquante ans.
Si l'Afrique ancienne n'a pas d'écritures, elle a bien sûr une histoire depuis longtemps sous-estimée lorsqu'elle n'est pas simplement niée. À partir des traces laissées par des civilisations brillantes et les traditions orales, François-Xavier Fauvelle-Aymar reconstitue de manière captivante la richesse de ce continent retrouvé. En trente-quatre courts essais, Le Rhinocéros d'or offre un panorama de l'Afrique subsaharienne du VIII ?au XV ? siècles.
Mésopotamie, Ur, Babylone, le Déluge, Gilgames... Ces mots sont familiers, mais que savons-nous véritablement des débuts de l'Histoire ? L'architecture de terre crue ou l'écriture cunéiforme, incisée dans de l'argile tels de petits clous, paraissent n'avoir guère de rapport avec notre civilisation. Or notre culture est l'héritière de manières mésopotamiennes de faire : le découpage du temps (mois, semaine, jour), les symboles religieux (le croissant de lune, l'arbre de vie), l'étymologie de certains mots (« safran », « gypse »), jusqu'au fait de « s'orienter » (les premières cartes étaient établies vers l'Orient).
L'histoire de la Mésopotamie, le berceau de la civilisation urbaine et des premiers États, est, plus encore que celle de l'Égypte des pharaons, indissociable de ceux qui permirent sa redécouverte voilà à peine deux siècles - dont Jules Oppert qui déchiffra l'akkadien et François Thureau-Dangin le sumérien. Aujourd'hui discipline à part entière, l'assyriologie dispose de documents - des inscriptions officielles, des textes scolaires, des documents comptables d'exploitations, des actes de propriété, des lettres de simples particuliers - grâce auxquels nous est livré accès à des menues données qui font défaut pour les civilisations grecque, romaine, voire égyptienne. Nous voilà éclairés sur les commencements de l'Histoire : il était une fois un peuple sémite, les Akkadiens, et une civilisation encore plus ancienne, sumérienne, dont l'origine restait inconnue...
Le mardi 29 mai 1453, les armées ottomanes de Mehmet II prennent Constantinople, la capitale inaugurée par Constantin le 11 mai 330. Constantin XI Dragasès, le dernier Empereur des Romains, comme se dénommaient eux-mêmes ceux que nous appelons Byzantins depuis le xvi e siècle, meurt au combat. Sainte-Sophie, alors la plus grande église de la Chrétienté, est aussitôt transformée en mosquée.
L'originalité profonde de cet ouvrage est de restituer l'histoire de l'empire byzantin en fonction des contraintes et des nécessités (politiques, religieuses, physiques, géographiques, culturelles) qui dictèrent cette histoire singulière. Ce faisant, Michel Kaplan évalue la présence de l'héritage byzantin dans l'Europe d'aujourd'hui.
Notre civilisation doit à cet Empire millénaire la transmission de l'héritage de la Grèce antique :
La totalité des ouvrages écrits depuis l' Iliade jusqu'aux Pères de l'Église encore conservés nous ont été transmis par les manuscrits copiés par les Byzantins.
Sur le plan artistique, largement lié à la religion, l'héritage byzantin est presque limité à l'Europe orthodoxe. Le plan en croix grecque, qui est une conséquence du choix de la coupole à l'époque de Justinien, est nettement dominant dans l'Europe orthodoxe (la Bulgarie, la République de Macédoine, le Monténégro, la Serbie, la Roumanie, l'Ukraine et la Russie, pour ne pas parler de la Grèce, l'héritière directe de Byzance). À cet égard, l'événement le plus important de l'histoire byzantine, le rétablissement du culte des images en 843, a dicté la pratique de la religion chrétienne des peuples devenus orthodoxes : ils l'ont développée avec leur génie propre, mais la filiation est incontestable.
Enfin, l'État byzantin a constitué durant tous ces siècles un État de droit. La justice reposait sur le corpus de Justinien; le pouvoir impérial reste jusqu'au bout autocratique par principe, mais le droit prime la force.
Quant à l'histoire de l'Occident, elle prend ses racines dans Théodoric l'Ostrogoth, Clovis le Franc et son continuateur Charlemagne, Otton I er et ses successeurs, autant d'illustres souverains qui prenaient leurs exemples à Constantinople.
Faire de l'histoire, c'est marquer un rapport au temps.
Depuis plus de quatre siècles, l'historiographie occidentale se définit par la coupure qui d'un présent sépare un passé. le geste qui met à distance la tradition vécue pour en faire l'objet d'un savoir est indissociable du destin de l'écriture. écrire l'histoire, c'est gérer un passé, le circonscrire, organiser le matériau hétérogène des faits pour construire dans le présent une raison ; c'est exorciser l'oralité, c'est refuser la fiction.
C'est, pour une société, substituer à l'expérience opaque du corps social le progrès contrôlé d'un vouloir-faire. ainsi, depuis machiavel, l'histoire se situe-t-elle du côté du pouvoir politique qui, lui, fait l'histoire.
Michel de certeau s'attache, dans cet ouvrage classique, à caractériser ici les opérations qui règlent l'écriture de l'histoire : la fabrication d'un objet, l'organisation d'une durée, la mise en scène d'un récit.
Quand et pourquoi la Bible a-t-elle été écrite ? Que savons-nous des premiers patriarches ? Quand le monothéisme est-il apparu ? Comment le peuple d'Israël est-il entré en possession de la Terre promise ? Jérusalem a-t-elle toujours été le centre de l'ancien Israël ?
Pour la première fois, il est possible de répondre à ces questions avec un haut degré de certitude. Car les auteurs, Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, puisent leurs arguments dans les découvertes archéologiques les plus récentes, entreprises en Israël, en Jordanie, en Égypte, au Liban et en Syrie.
Loin de sortir désenchanté de cette mise à plat historique du Livre des livres, le lecteur est d'autant plus fasciné par ces nomades et ces agriculteurs d'il y a trois mille ans, qui ont su fabriquer, en des temps de détresse ou de gloire, un récit dont la fécondité n'a cessé d'essaimer au-delà de ce peuple.
Nos ancêtres les Mésopotamiens ont inventé l'écriture et, grâce à elle, jeté un nouveau regard sur l'univers autour d'eux, mis au point une nouvelle manière de le penser, de l'analyser, de l'ordonner, comme ne l'aurait jamais permis la simple tradition orale - les propres linéaments de ce qui, repris, approfondi et systématisé par les Grecs, est devenu notre rationalité, la véritable armature de notre Science. À la recherche des dernières raisons d'être de cet univers et de l'ultime sens de notre existence d'hommes, ils ont édifié toute une somptueuse et savante mythologie, qui annonce déjà, sur plus d'un point, ce dont Israël, inventeur du monothéisme, composera sa «théologie», laquelle est encore la nôtre, même quand nous cherchons à nous en débarasser.
Après Naissance de Dieu qui étudiait les origines d'un des traits les plus marquants et singuliers de cette civilisation, Jean Bottéro a voulu remonter plus haut, dans la même ligne, jusqu'à l'extrême horizon de l'Histoire - qui commence, en effet, à Sumer, puisque l'écriture et le document y sont nés - et, dans l'énorme trésor des tablettes cunéiformes, jusqu'ici inventoriées par les seuls gens de métier comme lui, découvrir d'autres balbutiements plus archaïques de notre propre philosophie.
Pensez-vous vraiment que les Gaulois, ces pittoresques barbares, furent nos ancêtres, et que les Romains sont passés par là pour nous civiliser? Croyez-vous que le baptême de Clovis fut le moment fondateur de l'identité française? Ou que le Moyen Âge n'a été qu'une longue nuit précédant la Renaissance? Alors ce livre est pour vous! Et pour ceux qui n'ont qu'une envie : «reprendre le fil de l'histoire réelle» de la France.
S'appuyant sur l'immense richesse des fouilles menées sur l'ensemble du territoire français, Jean-Paul Demoule revisite siècles et millénaires. Il nous emmnène à la rencontre de l'Homo erectus, il y a plus de 1,6 million d'années, comme à celle des soldats tombés lors des dernières grandes guerres. On redécouvre aussi Alésia et Vercingétorix, les quartiers juifs du Moyen Âge et l'influence arabe dans le sud de la France, ou encore l'affaire des faux de Glozel. On croise aussi avec étonnement ces «colons du Moyen-Orient» qui ont apporté sur notre sol l'agriculture et l'élevage il y a environ sept mille huit cents ans. Car notre métissage existe depuis la préhistoire. Avec cet ouvrage, il devient possible de réfléchir, en connaissance de cause, à cette fameuse «identité française» qui interroge nombre de nos contemporains.
Pour un Grec de l'Antiquité, qu'est-ce qu'être soi-même ? La Grèce des cités a largement ouvert la voie au développement de l'individu dans la vie sociale ; pourtant l'être humain n'y apparaît pas encore comme une personne, au sens moderne, une conscience de soi dont le secret reste inaccessible à tout autre que le sujet lui-même. La religion civique n'a pas non plus doté chaque individu d'une âme immortelle qui prolongerait son identité dans l'au-delà.
C'est que dans une société de face à face, une culture de la honte et de l'honneur, l'existence de chacun est sans cesse placée sous le regard d'autrui. Pour se connaître il faut contempler son image reflétée dans l'oeil de son vis-à-vis.
Parmi les formes diverses que l'autre a revêtues aux yeux des Grecs, il en est trois qu'en raison de leur position extrême dans le champ de l'altérité J.-P. Vernant a retenues pour focaliser sur elles son enquête : la figure des dieux, le masque de la mort, le visage de l'être aimé. Ces trois types d'affrontement à l'autre servent comme de révélateurs pour dégager les traits de l'identité telle que les Grecs l'ont conçue et assumée.
Pour le peuple de Paris la rue est, au XVIIIe siècle, un espace privilégié. Elle investit l'espace urbain tout entier d'une sociabilité multiforme et souvent agressive, elle envahit l'espace privé : l'atelier, le logement. Dans la rue, le travail, l'amour, la discussion, l'attroupement, le spectacle, la mort même. À travers les agendas du guet, les procès-verbaux et les rapports des commissaires de police, les récits des voyageurs étrangers et ceux des observateurs parisiens, Arlette Farge restitue le monde sonore, coloré, odorant du Paris populaire. Mais la rue, sa violence anonyme, son opacité font peur aussi : on entreprendra de régler et d'ouvrir l'espace urbain pour le contrôler mieux. Viendra le temps où le peuple descendra dans la rue où il aura cessé de vivre.
Spécialiste mondialement renommé d'Akkad, de l'Assyrie et des civilisations mésopotamiennes, Jean Bottéro lit en historien , mais sans étalage d'érudition, les premiers chapitres de la Genèse (dont il date et distingue les contributions diverses), Job, l'Ecclésiaste. Il nous livre de très antiques réflexions sur le sens de l'existence, et le pourquoi du Mal, et montre comment Israël en est arrivé à se convaincre de l'unicité et de la transcendance de Dieu.