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Pourquoi, dans toutes les cultures, les femmes ont-elles été exclues de la chasse? Pourquoi n'ont-elles pu ni monter à bord des navires ni être soldat? Pourquoi leur a-t-on plutôt assigné les tâches de cueillir, de filer, de tisser, de tanner? Qu'est-ce qui expliquerait qu'il existe des façons masculines et des façons féminines de couper, de creuser et de travailler la terre?
Dans cet essai qui conjugue audace intellectuelle et rigueur scientifique, Alain Testart montre que ce sont les croyances qui expliquent la différenciation des activités masculines et féminines et fait remonter leur origine à la lointaine préhistoire. Ces croyances, même tacites et irrationnelles, ont des effets puissants sur la réalité et obéissent à une logique cachée : celle du sang périodique des femmes, perçu comme une grave perturbation qui affecte l'intérieur de leur corps et les exclut de tâches particulières.
Même si cette répartition traditionnelle des activités sera bientôt une chose du passé, elle ne laisse pas d'étonner par sa constance, sa quasi-universalité jusque dans les temps présents. Dans cet essai, Alain Testart nous entraîne pas à pas dans une réflexion d'une grande nouveauté sur le rôle du sang dans les représentations sociales et la constitution du genre.
Il y a plusieurs dizaines de millénaires, l'homme se sépare de l'animal en enterrant ses congénères et en leur rendant des honneurs funèbres. Il couvre de fresques admirables les parois de Lascaux et de bien d'autres grottes. Puis il invente l'agriculture. Il érige menhirs et dolmens, dont les plus célèbres restent ceux de Carnac. Tout cela se passe avant la naissance des villes, l'édification des pyramides, l'invention de l'écriture. Autrement dit, avant l'histoire.
Dans ce même temps, l'homme invente aussi les premières formes de vie sociale. Comment se mettent en place ces premières sociétés? Comment évoluent-elles? Vaste sujet, à la lisière de l'anthropologie sociale et de l'archéologie préhistorique, qui met aux prises les thèses les plus opposées. Alain Testart, ethnologue réputé, notamment pour ses travaux sur les chasseurs-cueilleurs, s'est donné pour objectif de confronter les interprétations en présence. Il était on ne peut mieux désigné pour reprendre à neuf la question de l'évolution des sociétés.
Il en résulte des critiques décapantes sur l'histoire de l'anthropologie sociale, une réflexion philosophique sur la notion même d'évolution dans les sciences sociales et des mises au point sur les questions de méthode et d'interprétation en archéologie. Surtout, jaillissent une série d'hypothèses nouvelles sur diverses périodes du paléolithique ou du néolithique, qu'il n'est plus question d'envisager depuis l'Europe et le Proche-Orient seuls, mais à partir du monde entier, d'où affluent désormais les données en nombre.
Vers la fin des temps paléolithiques, entre environ -12 000 et -3 000, au terme de près de trois millions d'années d'histoire, l'humanité change brusquement de façon de vivre : des groupes de chasseurs collecteurs font l'expérience de la sédentarisation, renforcent l'aspect végétal de leur diète, commencent à manipuler céréales et animaux et se transforment peu à peu en agriculteurs éleveurs.
Le néolithique a commencé. Pour Jean Guilaine, ce moment de basculement n'est pas tant une fin qu'un commencement : il inaugure les temps historiques et pose le socle initial de nos sociétés. Car ces populations, désormais rurales, sont confrontées à la plupart des problèmes des communautés historiques : pulsions démographiques, politiques de colonisation, implantation de frontières, aménagement du paysage, luttes pour le pouvoir, conflits intervillages. Trois prénoms incarnent cette révolution : Caïn, le premier agriculteur, Abel, le premier berger, et Ötzi, alias Hibernatus, l'Homme des glaces, etc., peut-être le premier. tueur en série.
Pour l'auteur, cet éventail de rôles délivre la leçon du néolithique. Bien investi, régulé, le milieu peut être le meilleur auxiliaire de l'homme. Pressions démographiques, appât du profit, stratégies économiques pour vivre aux dépens des plus faibles, goût de la suprématie entraînent une exploitation exacerbée et un monde aux tensions permanentes.