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Qui a tué le roi Hamlet ? Sa veuve, la reine Gertrude ? Son frère Claudius, devenu roi en épousant la veuve ? Le jeune prince Hamlet, visité par le fantôme de son père, les soupçonne tous deux... "Il est admis par tous qu'Hamlet est plus vivant qu'un homme qui passe." Alfred Jarry.
Honte et malédiction sur le royaume de Grande-Bretagne! Folie, trahison, mensonge, cupidité, orgueil démesuré! Tous les vices y grouillent comme autant de rats affamés. Tous les crimes s'y préparent...
Lear a voulu savoir! Ô! Roi, ta sagesse n'a pas grandi au fil des années... Hélas! Vanité stupide, insolence coupable, curiosité funeste: tu as voulu savoir et provoquer les dieux.
La fille féroce enfonce ses crocs; l'autre se prépare à la curée; le fils, contre son frère, trame la ruine du père, la soeur contre la soeur, l'épouse contre l'époux. La bouche déchire la main qui l'a nourrie, dépèce le flanc qui l'a portée, vomit l'amour qui l'a élevée. Ô, Lear, seigneur infortuné, tu sauras donc de tes filles laquelle t'aimait le mieux...
antigone nous parlerait de la résistance courageuse d'une jeune fille contre la machine broyeuse de l'etat, incarné par créon.
il défendrait les valeurs de la cité, elle défendrait les valeurs de la religion. antigone est sympathique parce qu'elle aurait le courage de se révolter, créon est antipathique parce qu'il aurait le pouvoir d'etat. mais on peut inverser les sympathies : antigone est une intégriste, une fanatique de la religion des morts, à qui sa naissance souillée - elle est née d'un inceste - interdit tout avenir.
face à elle, un créon nationaliste, un militaire à poigne, veut imposer un etat " laïque ". l'histoire permet surtout à deux grandes voix de s'affronter musicalement. l'une en chantant son propre deuil de jeune fille n'ayant jamais eu d'enfant, l'autre le suicide de son fils et de sa femme, morts par sa faute. lequel est le plus malheureux ? lequel des deux entraînera le choeur dans son chant et sa douleur ? tel est peut-être l'enjeu d'une tragédie qui est d'abord, comme toute tragédie, une suite de choeurs offerts à dionysos.
la traduction de florence dupont est philologiquement exacte et d'une limpidité parfaite. plus rien de ce côté fumeux qui caractérise trop de traductions classiques.
Chef minable d'une bande de gangsters du Bronx, Arturo Ui parvient à s'imposer par la terreur comme « protecteur » du trust du chou-fleur à Chicago. Il réduit au silence un politicien corrompu, Hindsborough, fait éliminer par Gori et Gobbola, ses séides, un homme de main à lui, assassine le patron du trust des légumes de Cicero, la ville voisine, et séduit la veuve de celui-ci, quasiment sur le cercueil de la victime. Le résultat est que l'on vote partout pour lui, tant à Cicero qu'à Chicago. D'autres crimes et d'autres conquêtes suivront. Rien n'arrêtera Arturo Ui, hormis les peuples, qui finiront par en avoir raison. « Mais il ne faut pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde. »
On avait toujours dit que les astres étaient fixés sur une voûte de cristal pour qu'ils ne puissent pas tomber.
Maintenant nous avons pris courage et nous les laissons en suspens dans l'espace, sans soutien, et ils gagnent le large comme nos bateaux, sans soutien, au grand large. et la terre roule joyeusement autour du soleil, et les poissonnières, les marchands, les princes, les cardinaux et même le pape roulent avec elle.
Ce texte est un sténogramme sur la maladie de la mort, une maladie qu'apparemment rien ne pouvait arrêter. Il témoigne de toute la force de son auteur, qu'elle soit dramatique ou poétique. Il est empreint d'un désespoir abyssal mais l'auteur nous en parle avec une telle véracité et, en même temps, avec une telle pureté que le texte s'apparente à une prière.
Au début un rêve : fabriquer une marionnette qui saurait danser, faire de l'escrime et exécuter des sauts périlleux.
Et puis la surprise : le pantin, à peine ébauché, commence à avoir sa propre vie. Pire, après les premiers pas, un peu boiteux, il prend la porte et disparaît. Gepetto, son créateur, se met à sa poursuite et s'aperçoit que Pinocchio, malgré ses traits humains, n'est pas un enfant facile à éduquer ; il finit trop souvent par succomber à la tentation et par s'écarter du droit chemin. Dès leur parution en 1878 à Florence, le succès des Aventures de Pinocchio fut grand.
Les nombreuses rééditions encore aujourd'hui en témoignent. Mais curieusement, il n'y a, parmi toutes les éditions disponibles en France, aucune adaptation théâtrale. Et pourtant, à bien des égards, le livre appelle une version scénique. L'adaptation proposée ici a été établie par Lee Hall qui, on s'en souvient, est également le scénariste du film Billy Elliot.
Sous le nazisme, la peur et la misère affectaient toutes les couches de la société allemande, l'intelligentsia, la bourgeoisie, la classe ouvrière. Il y a certes le courage de la poignée de militants qui, au mépris de tous les dangers, publient une littérature illégale. Mais il y a aussi la capitulation, face à la terreur, d'une trop grande part de l'intelligentsia. C'est ce qu'a voulu montrer Brecht, d'abord à ses compatriotes exilés, autour des années 1938, en écrivant la trentaine de courtes scènes, inspirées de la réalité même, de Grand-peur et misère du IIIe Reich.
La pièce naît en 1934 de la volonté de Brecht et de Margarete Steffin, de rassembler un matériau composé de coupures de presse et de témoignages sur la vie quotidienne en Allemagne sous la dictature hitlérienne. Le titre fait allusion au roman Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac, et inscrit donc la pièce dans une lignée de peintures naturalistes de la société allemande de l'avant-guerre, brossant un large tableau allant du monde ouvrier à la magistrature en passant par la petite bourgeoisie.
La création de huit scènes aura lieu en mai 1938 à Paris devant un public essentiellement composé d'émigrés. Certaines scènes seront également publiées dans des revues d'émigrés visant à alerter l'opinion publique sur la réalité de la dictature en Allemagne et signalant le danger d'une guerre imminente. On y voit tour à tour la bourgeoisie, le corps médical, la justice, les enfants, les prisonniers, etc. évoluer face au régime.
Ce n'est cependant qu'après la Seconde Guerre mondiale que la pièce rencontre son succès, car elle montre, comme le disait Brecht lui-même, " la précarité évidente du IIIe Reich, dans toutes ses ramifications, contenue uniquement par la force ".
Aujourd'hui encore, Grand-peur et misère du IIIe Reich résonne comme un avertissement contre toute forme de système absolu et reste l'un des textes clés du vingtième siècle et au-delà. C'est un manifeste qui invite à lutter contre toute forme politique basée sur la discrimination et sur la crainte.
J'étais jeune, plein de feu, sincère, pas idiot ; j'avais l'amour, la haine et la foi, mais pas comme les autres, je travaillais et je rêvais pour douze, je combattais les moulins, je me tapais la tête contre les murs ; sans avoir pris la mesure de mes forces, sans réfléchir, sans rien connaître de la vie, j'ai voulu soulever une charge et je me suis cassé le dos.
Comme si j'avais voulu me dépêcher de gaspiller toutes mes forces dans ma jeunesse, j'étais sans cesse enflammé, excité et je travaillais sans compter. tu peux me dire comment j'aurais pu faire autrement ? nous ne sommes pas nombreux et le travail, il y en a beaucoup, beaucoup ! dieu seul sait à quel point il y en a ! et voilà avec quelle cruauté la vie, contre laquelle je me suis battu, se venge ! je me suis cassé l'échine ! et en voici à trente ans, les conséquences déplorables : je suis déjà vieux et il est grand temps pour moi d'aller en chaussons.
Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d'Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l'identité n'est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l'origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le texte est truffé d'allusions et de citations, sans que Kane ait voulu les identifier. Quant au sujet, les voix qui déversent leurs sensations dans un torrent d'impressions, de souvenirs et de désirs sont à l'image de l'idée que Sarah Kane se faisait de l'amour : dès que deux personnes forment une relation, une sorte de colonisation prend place et l'une d'elles risque d'être abusée par le pouvoir que l'autre exerce sur elle.
De 1618 à 1648, la guerre de Trente Ans a dévasté l'Europe. Pour Brecht, cette guerre est " l'une des premières guerres gigantesques que le capitalisme a attirées sur l'Europe. " Mère Courage reconnaît l'essence mercantile de cette guerre : elle suit les armées avec sa carriole de marchandises et fait de bonnes affaires. " Tout au long de la pièce, Mère Courage a les yeux collés, elle n'arrive pas à le voir ; pour elle, le négoce est extensif à la guerre, la guerre est contingente au négoce. " (Roland Barthes) Mais cette marchande a aussi des enfants, et c'est là que la bât blesse et que la dialectique passe à l'attaque.
Brecht écrivit Mère Courage en exil, à l'automne 1940, à une époque où le peuple allemand était aussi peu capable que Mère Courage de tirer les leçons de ses malheurs et de surmonter ses contradictions. Mais aujourd'hui, les Mère Courage ont-elles disparu ?
La mise en scène de la pièce par Brecht en 1949, avec le Berliner Ensemble, a pour la première fois fait connaître concrètement au public, et avec un immense succès, le théâtre épique et dialectique, tel que Brecht l'avait conçu pendant son exil.
À la fin de ce volume, le lecteur trouvera des textes de Brecht éclairant Mère Courage sous cet angle.
" Tu crois que je veux porter tes enfants sous ma peau, les nourrir avec mon sang. te faire un fils et prendre ton nom ! Au fait, quel est ton nom ? Je ne l'ai jamais entendu, ton nom - tu n'en as même pas, probablement. Je serais "Mme la gardienne" ou "Mme Durand", chien qui portes mon collier, laquais qui as mes armes sur tes boutons ! Moi, te partager avec ma cuisinière, être la rivale de ma propre servante ! Oh ! Oh ! Oh ! Tu penses que j'ai peur et que je veux filer ! Non, maintenant, je reste, souffle le vent, tombe la foudre ! " (Mademoiselle Julie).
" Ainsi je me promène comme un bourreau et anthropophage. Quel métier d'être écrivain : d'avoir à tuer et de vendre comme un boucher. " Ces mots écrits en 1898, Strindberg (1849-1912) les a envoyés, après le divorce de sa deuxième femme, à sa fille Kerstin qui habitait alors chez sa grand-mère en Autriche. Peu importe que la fille n'ait que quatre ans et ne sache pas lire. Écrire fut pour Strindberg un acte magique : avant tout comptait l'acte lui-même. C'est par là qu'il a sauvé sa vie et s'est libéré de la peur de devenir fou. En quelque sorte, il n'y a dans son oeuvre qu'un seul personnage principal : lui-même, dans toutes ses variations, transformations, évolutions. Mais attention : talent oblige, il était parfaitement conscient, et son oeuvre le montre, qu'il faisait partie d'un monde et d'une époque auxquels il ne pouvait pas échapper.
Le censeur de Sa Majesté Nicolas Ier, à qui fut présenté Le Revizor, conclut à une farce amusante, et l'autorisation de publier fut accordée. Le sens profond de cette oeuvre ne fut compris que beaucoup plus tard.
D'ailleurs, lorsque Le Revizor fut créé au théâtre, le 19 avril 1836, il ne s'imposa pas d'emblée. Personne ne savait ce qu'il fallait penser de la pièce. Farce plaisante ou calomnie ? On se méfiait. Gogol souffrit longtemps de cette suspicion du public. C'est en 1839 seulement, à Moscou, que Le Revizor fut accueilli triomphalement.
Les personnages de Gogol sont pour la plupart des gens simples, paisibles, qui dépouillent autrui ou qui se font dépouiller avec le plus parfait naturel. Ils sont les produits inévitables de la société de ce temps, où la pourriture n'a plus rien d'exceptionnel.
Les Bas-Fonds, conçus en même temps que Les Petits Bourgeois, est considéré comme le chef-d'oeuvre dramatique de Gorki. Stanislavski, le premier, en avait assuré la mise en scène. Dans Ma vie dans l'art, il s'étend longuement sur les problèmes que la pièce lui avait posés.
« Vivement intéressés par les récits de Gorki, nous eûmes envie d'observer nous-mêmes cette humanité déchue. Une expédition fut organisée au marché de Khitrovo qui était l'empire des clochards.
Nous pûmes visiter librement ces grands dortoirs où, sur d'innombrables bat-flanc, gisaient immobiles, tels des cadavres, des hommes et des femmes rompus de fatigue. L'un de ces asiles de nuit abritait "l'université" des clochards : c'étaient ceux qui savaient lire et écrire et que l'on chargeait souvent de copier les rôles de nos acteurs. Nous fûmes reçus comme de vieux amis : ne nous connaissaient-ils pas en tant qu'acteurs ? Ne copiaient-ils pas nos rôles ? Nous posâmes sur la table la collation que nous avions apportée (de la vodka et du saucisson), et la fête commença.
En apprenant que nous étions venus étudier leur vie pour la représenter dans une pièce de Gorki, les clochards furent touchés aux larmes.
- Quel bonheur pour nous ! s'écria l'un.
- Mais qu'y a-t-il d'intéressant dans notre vie ? Pourquoi nous montrer sur la scène ? s'étonnait un autre. »
Lorsqu'elle retourne à Güllen après une longue absence, Claire est prête à sortir le bourg de sa misère financière. Mais elle demande un prix, son propre prix : la vieille dame veut régler son compte à Alfred, son ancien amant qui l'avait éconduite après l'avoir mise enceinte... La Visite de la vieille dame est la pièce de Dürrenmatt la plus jouée au monde.
Le passeport est la partie la plus noble de l'homme.
D'ailleurs, un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu'un homme. on peut faire un homme n'importe oú, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable ; un passeport, jamais. aussi reconnaît-on la valeur d'un bon passeport, tandis que la valeur d'un homme, si grande qu'elle soit, n'est pas forcément reconnue.
Quoi ?! Ce misérable émigré ose revenir ?! Voilà le comble de l'impertinence, l'effronterie faite homme, la provocation la plus éhontée du siècle !
L'Amour de Phèdre semble occuper une position singulière parmi les pièces de Sarah Kane et il est de fait très rare qu'un auteur anglais adapte une pièce classique. Indépendamment du fait que l'impulsion pour le projet venait du Gate Theatre - Sarah Kane avait d'abord pensé à Woyzeck et Baal, deux idées auxquelles elle n'a pas donné suite pour des raisons pratiques -, elle s'est finalement décidée à reprendre Phèdre de Sénèque, l'histoire d'une reine qui tombe désespérément amoureuse de son beau-fils. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, l'adaptation s'intègre parfaitement dans l'univers de l'auteur : réapparaissent notamment la dissection d'une émotivité masculine malsaine et nihiliste, tout comme la question de Dieu et les conséquences de la violence.
Pour monsieur c'était des esprits, pour madame c'était un cheval emballé !.
Et tous les deux reviennent au domicile conjugal avec le même oeil en compote !. et ils voudraient nous faire croire que ce n'est pas en se débattant contre les agents qu'on leur a servi ces deux yeux au beurre noir.
Il faut que les reproductions s'effacent devant ce qui a été reproduit, la vie en commun des hommes, et le plaisir procuré par leur perfection doit être porté au plaisir plus élevé de voir traitées comme provisoires et imparfaites les règles mises en évidence dans cette vie en commun. C'est en cela que le théâtre laisse le spectateur productif, par-delà le regard porté sur le spectacle. Dans son théâtre, puisse le spectateur jouir comme d'un divertissement de ses terribles et interminables travaux, qui sont censés lui assurer sa subsistance, ainsi que de l'effroi de son incessante métamorphose. Qu'il s'y produise de la façon la plus légère ; car le mode d'existence le plus léger est dans l'art. » (Brecht)
Nos existences peuvent-elles se résumer en deux mots : Love & Money ? Que vaut l'argent dans nos vies ? Que vaut l'argent dans nos amours ? Dans les situations les plus sombres ou les plus déroutantes, les personnages de Dennis Kelly ont pourtant une dignité qui les élève. ADN retrace l'histoire d'un groupe d'adolescents partis en forêt qui torturent violemment un de leurs camarades et le laissent pour mort. Mais l'adolescent ressurgit comme une bête sauvage : il a survécu. Le groupe va alors devoir prendre une décision. Peut-on ôter une vie sans conséquence ? Une pièce d'une tension inouïe, sur la panique, la culpabilité et le non-retour.
Quel est l'homme capable de résister à une femme s'il laisse à celle-ci le temps d'user de son art ? qui prend la fuite n'a pas à craindre d'être vaincu, mais qui s'arrête pour écouter et se complaît à écouter ne peut, quoi qu'il en ait, que succomber tôt ou tard.